Architecte japonais, actif au Japon à partir de 1960, puis en Europe, aux Etats-Unis et en Australie (sous le nom de Noriaki Kurokawa jusqu'en 1970). Diplômé des universités de Kyôto (1957) et de Tokyo (1964), où il obtient son doctorat, Kisho Kurokawa travaille pour Kenzô Tange, notamment à l’élaboration du célèbre plan d’aménagement de la baie de Tokyo de 1960. Il ouvre son agence en 1961, et se fait connaître par ses liens avec le groupe métaboliste et par ses projets théoriques: Agricultural Plan (1960), Helix City (1961). C’est à l’usine Nitto (préfecture de Yamagata, 1964), le centre de loisirs Hawaii Dreamland (1967) et, surtout, en 1970, le pavillon Takara pour l’Exposition universelle d’Ôsaka, qu’il met en application, grandeur nature, sa vision métaboliste d’une architecture modulaire pouvant évoluer au gré des besoins. Kurokawa persévère après 1970 dans cette approche architecturale futuriste, réalisant notamment la Nakagin Capsule Tower (Tokyo, 1972), la Sony Tower (Ôsaka, 1976) et le musée d’Ethnologie d’Ôsaka (1977), bâtiment ultramoderne par ses équipements intérieurs, mais dont le gris foncé des façades s’inspire de la couleur japonaise traditionnelle. Dès 1975 et la réalisation de la Banque centrale de Fukuoka, Kurokawa semble s’inspirer de concepts inspirés de l’espace traditionnel japonais. Notamment par l’idée d’espace intermédiaire entre le bâtiment et l’extérieur. En 1980, il achève à Tokyo le Shôto Club et, en 1982, à Urawa (préfecture de Saimata), le musée d’Art moderne. Dans celui-ci, les 'déformations' des structures porteuses en périphérie permettent à la nature environnante de pénétrer dans le bâtiment et de créer l'espace intermédiaire souhaité.
A partir de la réalisation du musée de Nagoya (1987), son registre conceptuel évolue vers les notions de 'métamorphose' puis de 'symbiose' (des cultures). Dès lors, Kurokawa introduit régulièrement des formes et des matériaux de l’architecture traditionnelle japonaise: kura, entrepôts traditionnels, au musée d’Hiroshima (1987); toit en pente recouvert de tuiles au musée de la Photographie à Nara. Appliquant cette approche de 'symbiose', il construit également à l’étranger: aux Etats-Unis, le club sportif The Illinois Center à Chicago (1988); en France, l’immeuble de bureaux Pacific à La Défense et, en collaboration avec Mieko Inoue, l'ensemble de logements collectifs Le Colisée à Nîmes (1989); en Chine, le centre culturel sino-japonais à Pékin (1990); en Australie, Melbourne Central, complexe commercial et de bureaux (1990).
Kisho Kurokawa a en outre participé à de nombreux concours internationaux comme ceux pour le centre Georges Pompidou à Paris (1971), le Palais des congrès d’Abu-Dhabi (1975), l’IBA à Berlin (1980). Architecte, homme de médias, Kurokawa est également connu pour ses écrits et les multiples néologismes qu’il emploie pour expliquer sa démarche, parfois fort contestée dans ses fondements par la critique architecturale.
Il a également écrit sur l’œuvre de ses contemporains (The New Wave of Japanese Architecture, 1993), et traduit en japonais le livre de Janet Jacob The Death and Life of Great American Cities.
D'après Guillot (Xavier). 'Dictionnaire de l’architecture du XXe siècle'. Paris: Ifa, Hazan, 1996.