Un mois, une œuvre

Une arène moderne pour un grand stade

H. Bernard,  J.-C. Dondel et R. Dhuit, arch. 1962-1963. Stade de 100.000 places, Vincennes

Voir toutes les images (2)

En 1963, la Ville de Paris et le Secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports décident l’organisation d’un concours pour la construction d’un stade d’une capacité de 100 000 places assises. Le concours d’architecture est à deux degrés. Une vingtaine d’équipes participent au premier degré à l’issue duquel un jury retient trois lauréats admis au second degré qui doit ensuite désigner un projet à réaliser.

Entre les deux degrés, les architectes retenus reprennent leurs propositions et les affinent. Ainsi, Henry Bernard (1912-1994), grand Prix de Rome, et ses deux confrères Jean-Claude Dondel (1904-1989) et Roger Dhuit, arrivés en tête au premier degré, modifient très sensiblement la silhouette de leur stade. Les études qui témoignent de ces recherches sont très nombreuses dans les archives d’Henry Bernard notamment.

Henry Bernard, Jean-Claude Dondel et Roger Dhuit, arch. 1962-1963. Stade de 100.000 places, Vincennes. Croquis. Fonds Henry Bernard 266 AA D’un profil en coupole renversée, le projet évolue vers le principe d’une enceinte reprenant la figure de l’amphithéâtre romain avec une succession de voûtes supportées par des piédroits en béton armé. Ceux-ci ne sont pas droits comme les piliers en pierre massives des arènes de Nîmes ou d’Arles, mais inclinés vers l’extérieur, épousant ainsi le profil des gradins dont ils constituent les supports.

Réservé à la tenue de grandes manifestations sportives d’envergure internationale, le stade doit fonctionner surtout en fin de journée et en soirée. La mise en lumière de l’enceinte à l’extérieur et à l’intérieur est donc très importante. C’est pour cela que les architectes ont voulu mettre en scène l’aspect sculptural de la couronne par une splendide élévation nocturne qui met particulièrement en valeur la structure monumentale.

Le stade de 100 000 places ne sera jamais réalisé, préservant ainsi le bois de Vincennes d’une atteinte qui aurait considérablement réduit sa surface et troubler sa tranquillité. Une solution est trouvée à l’opposé de Paris, dans le XVIe arrondissement où le Parc des Princes est entièrement reconstruit en 1971-1972 par Roger Taillibert (1926-2019), mais il ne peut accueillir que 50 000 spectateurs. Ce n’est que pour la coupe du monde de football de 1998, que la France se dote d’une très grande enceinte, le Stade de France à Saint-Denis, avec « seulement » 80 000 places.

L’essai manqué du stade de 100 000 places, n’est donc pas transformé par Henry Bernard, sauf dans le stade provisoire construit pour les Jeux olympiques de Grenoble en 1968, mais Jean-Claude Dondel, s’en sert lui pour consacrer une partie de son activité aux programmes sportifs : piscines, patinoires, gymnases, etc.

Henry Bernard, Jean-Claude Dondel et Roger Dhuit, arch. 1962-1963. Stade de 100.000 places, Vincennes. Elévation. Fonds Henry Bernard 266 AA

Ce dessin est présenté dans l’exposition « Il était une fois les stades », du 20 mars au 16 septembre 2024 à la Cité de l’architecture et du patrimoine.

 

Texte rédigé par Franck Delorme
Attaché de conservation,
auteur du livre Les sports en France de l’Antiquité à nos jours : une histoire, un patrimoine, publié aux Éditions du Patrimoine.

 

Archives des documents du mois