Histoire des Archives d'architecture contemporaine

Faisant partie intégrante de la Cité de l'architecture et de patrimoine, les Archives d'architecture contemporaine sont aujourd'hui riches d’environ 450 fonds d'architectes. Il offre au public des sources inestimables sur l'histoire de l'architecture de la fin du XIXe siècle, du XXe et du XXIe siècle.

Le Centre d'archives d’architecture remonte au tout début de l’Institut français d'architecture (Ifa), association para-administrative créée en 1980, qui fut intégrée en 2004 à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Il fonctionne par convention avec l’administration des Archives de France.

Un besoin de conservation

Les missions de l’Ifa ont fait l’objet de nombreux ajustements avant et même après sa création, mais, d’emblée, l’un des axes les plus stables était la collecte des archives privées des architectes français. Cette action, entièrement nouvelle pour un service de l’État, s'inscrivait dans une prise de conscience qui s’était fait jour au cours des années 1970, autour de l’architecture des XIXe et XXe siècles : celle-ci était désormais conçue comme un patrimoine monumental à documenter et à préserver, pour lequel il existait un patrimoine documentaire à constituer.

En 1975, l'historien de l'art André Chastel attirait ainsi l'attention, dans un éditorial de la Revue de l’art, sur la dispersion et la disparition préoccupantes des archives des architectes contemporains1. Par ailleurs, l'approche postmoderne typique de la fin des années 1970 entraînait un regain d'intérêt pour tout ce qui était prémoderne ou para-moderne, pour tout ce qui était urbain, et invitait à une lecture plus fine de l’histoire de l’architecture récente. À l’époque, les sources dont les historiens et les architectes disposaient pour écrire l'histoire de l'architecture étaient des sources publiques (archives des villes, des ministères chargés de l'architecture, des maîtres d'ouvrage publics, souvent peu accessibles), de sources imprimés (revues professionnelles) et de quelques fonds d'archives d'architectes à la notoriété exceptionnelle comme Le Corbusier.

Des débats autour de la conservation ou de la démolition d’édifices phares (les Halles ou la gare d’Orsay, à Paris) avaient largement franchi les cercles spécialisés. Sous l’impact de la crise énergétique, des évolutions sociologiques et des transformations des modes de commandes, une génération d’architectes héritiers du modernisme était rapidement remplacée par un foisonnement de nouvelles approches. Il y avait donc une urgence particulière à collecter les sources pour faire l'histoire de l'architecture.

Hors de France aussi, des centres de ce type commençaient à se multiplier. L'architecte et historien Maurice Culot avait ainsi déjà créé à Bruxelles, en 1968, les Archives d’architecture moderne, le premier centre d'archives spécialisé en architecture en Belgique. D’autres responsables de ces centres qui commençaient à constituer des collections d’archives ou de dessins d’architectes se rencontrèrent en 1977 à Paris – lors de l’inauguration du Centre Pompidou – et mirent sur pied à cette occasion la Confédération internationale des musées d’architecture (ICAM), officiellement instituée en 1979.

Création du Centre et premières collectes

Maurice Culot fut invité à créer à l'IFA ce qui s’est appelé jusqu’en 2021 le Centre d'archives d'architecture du XXe siècle. Sa collecte porta d’abord sur quelques fonds repérés par les premiers historiens de l'architecture moderne, et qui se trouvaient encore dans les familles des architectes. Ces fonds furent d'abord installés dans l’orangerie située au fond du jardin de l’hôtel particulier qu’occupait l’Ifa rue de Tournon à Paris, mais l’espace se trouva vite saturé. Un centre d’archives spécifique fut établi pour eux en 1989, situé rue de Tolbiac dans le 13e arrondissement de Paris.

Le Centre d'archives d’architecture suscita une forte émulation qui donna lieu à une importante collecte de fonds d'architectes dans toute la France (aux Archives nationales et dans les nombreuses Archives départementales et municipales sous l'impulsion d'associations régionales d'archives d'architecture). Il contribua à une prise en charge complète des archives des architectes : les plans, croquis, dessins, mais aussi les maquettes, les photographies, ainsi que la correspondance y compris technique ou administrative, tout était considéré comme utile à l’histoire de l’architecture. Les profils des architectes étaient très variés : grands noms des (rares) histoires de l’architecture moderne, chefs d’atelier aux Beaux-Arts, patrons des plus grandes agences, mais aussi personnalités discrètes et parfois marginales.

Intensification de la collecte et élaboration d'outils de classement

Les fonds d’archives, reçus en don par l’État, étaient déposés au Centre d’archives d’architecture du XXe siècle (depuis 2021 il s’agit d’une affectation et non plus d’un dépôt). D’autres ensembles s’y sont trouvés réunis : une vingtaine de fonds d’archives de premier plan, émanant notamment des pionniers du béton armé en France, collectés par le Conservatoire national des arts et métiers (chaire d’histoire de la construction), y ont été déposés en 1989 ; une centaine de fonds ou d’ensembles de dessins (fragments de fonds) collectés par l’Académie d’architecture y ont été déposés en 2000. Le Centre d’archives d’architecture définit des méthodes de classement, mit au point la première base de données documentaire spécialisée en France pour cette typologie (1997), et la mit à disposition des chercheurs sur internet en 2007 (ArchiWebture).

Les fonds d’archives ont continué à affluer au cours des années 1990, 2000 et 2010. La convention avec la tutelle scientifique, le Service interministériel des Archives de France (ministère de la Culture), stipulait que les archives devaient être transférées vers d’autres centres publics d’archives après traitement pour leur conservation définitive, mais ce principe ne fut guère appliqué, ce qui permit en revanche la constitution d’un très riche ensemble de fonds témoignant de multiples échanges entre les architectes au fil de plus d’un siècle.

Intégration à la Cité de l'Architecture

En 2004, le projet de créer un grand centre dédié à l'architecture s’est concrétisé et la collection de l'Ifa est alors devenue celle de la Cité de l'architecture et du patrimoine. L’Ifa est resté un département de la Cité de l’architecture et du patrimoine jusqu’en 2015. À cette date, le Centre d’archives a rejoint le musée des Monuments français en un nouveau département des Collections. Ce département a mené une recherche de nouvelles annexes ou de nouveaux locaux, tant pour les réserves du musée que pour les collections en expansion du Centre d’archives, qui depuis 2003 occupaient aussi certains espaces de l’ancien couvent des Cordelières, à Provins.

Le Centre d’archives a dû quitter ses locaux et fermer au public, pour des raisons techniques, en mai 2018. Il a pu à nouveau accueillir les chercheurs, après trois ans et demi, début novembre 2021, après avoir déménagé l’ensemble de ses collections à la nouvelle adresse du 3 boulevard Ney dans le 18e arrondissement de Paris et ainsi accueillir les lecteurs dans de bonnes conditions.

1 Voir le numéro 30 de la revue Colonnes (2014) et la thèse de Nina Mansion-Prud'homme "Archives d'architectes en France, 1968-1998 : jeux d'acteurs et enjeux historiographiques autour de l'Institut français d'architecture" (2019, Bordeaux 3)

Infos pratiques

Cité de l'architecture et du patrimoine
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3 boulevard Ney
75018 Paris
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+33 (0)1 58 51 52 00

 
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