Robert Joly est né le 11 novembre 1928 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et décédé le 14 novembre 2012 à Paris, à la suite d'un accident lors d’un voyage.
Cet architecte à la formation d’urbaniste – il se définira volontiers comme « urbaniste-architecte » – a travaillé dans des champs disciplinaires très variés. Après un diplôme d’affichiste à l’école Paul Colin (1947), il suit pendant deux ans l’enseignement de l’Institut d’urbanisme de l’université de Paris (IUUP). Sous l’influence de Robert Auzelle, architecte et urbaniste, il entre à l’Ecole des beaux-arts de Paris en 1949, dans l’atelier Pontremoli-Leconte. Il y est lauréat de plusieurs prix et médailles, dont le prix Labarre en 1952 et le Troisième Grand Prix de Rome en 1956. En 1959, il est classé troisième au concours des architectes en chef des bâtiments civils et palais nationaux (dont il intégrera finalement le corps).
Sa carrière commence avec des réalisations urbanistiques : la zone A de la Défense en 1958 avec Robert Auzelle (242 IFA, 260 AA) ; le plan de Nouakchott (Mauritanie) en 1959 avec André Leconte (409 IFA, 321 AA) ; la tête de pont de Chatou avec Roger Faraut (249 IFA, 297 AA). De 1959 à 1969, il est l’auteur de projets d’architecture très différents, influencés par l’industrialisation (Institut de l’environnement, rue Erasme, Paris 5e, 1968-1969, détruit ; cité administrative de Mâcon, 1967), le brutalisme (tour Souillhac, Tulle 1962 ; lycée agricole de Tulle-Naves, 1969), voire l’architecture vernaculaire (maison de retraite de la Colagne, Marvejols, 1964).
Enseignant depuis 1966, il prend une part active aux bouleversements de l’enseignement de l’architecture à partir de 1968 et enseigne à UP6 (Paris-La Villette) de 1969 à 1989. Dès 1966, architecte conseil du ministère de l’Equipement dans la Creuse puis dans le Lot (à partir de 1970), il fait partie des pionniers de l’assistance architecturale dans les départements (1973), la préfiguration des CAUE (créés en 1977). Enfin, il effectue des études urbanistiques et paysagères approfondies (Metz, 1967) et dirige les secteurs sauvegardés de Metz, Nantes (plan de sauvegarde et de mise en valeur, 1972), Loches, Mers-les-Bains et Arles.
Menant désormais de front ces trois activités d’enseignement, de conseil et d’urbanisme patrimonial, Robert Joly s’engage par ailleurs à partir de 1974 dans la recherche architecturale, en collaboration avec des sociologues (Jean-Marie Boucheret, Elisabeth Campagnac), puis dans la recherche historique. Théoricien et chercheur, notamment sur la ville et sur la dimension sociale de l'espace, il est l’auteur de nombreux rapports de recherche sur le patrimoine, le paysage, les lotissements et l’industrialisation ; plus tard, de publications sur la ville (« La Ville et la civilisation urbaine », Editions sociales, 1985, et « Une ville à refaire », Editions sociales, 1996), et, en collaboration avec son frère Pierre Joly, du livre « L’architecte André Lurçat » (Paris, Picard, 1995). A son décès il travaillait à une histoire de l’urbanisme sous l’angle de l’hygiène.
Il continue à construire dans les années 1970 et 1980 : il conçoit pour le ministère de l’Education nationale des agréments de collèges et lycées industrialisés (28 construits en France). Avec de fortes contraintes techniques et budgétaires, il met en place progressivement une typologie innovante organisée autours de patios sur une trame constructive de 7,20 m.
Robert Joly est un représentant d’une génération d’architectes, celles des membres du Team X, qui revendique l’héritage moderne avec distance et liberté, y opérant des choix et des détournements. Le rapport de Robert Joly à la théorie et à la recherche, son engagement politique et son intérêt pour la sociologie, la ville et la ruralité ont des influences directes sur les formes architecturales et urbaines, qui se veulent attentives au contexte, et empreintes de valeurs de discrétion en même temps que d’humanité. Il a abordé durant son parcours beaucoup des thèmes majeurs des années 1960-1980 : la ville et l’urbain, la ruralité et le paysage, le périurbain, la recherche et la réforme de l’enseignement de l’architecture, l’industrialisation… Le premier intérêt du fonds réside sans doute dans cette complexité.